Dynamiques opérationnelles de la psychologie face à la problématique de l’École Marocaine : Apports, limites et enjeux

Argumentaire :

La Société Marocaine de Psychologie (SMP), en partenariat avec l’Institut Supérieur International du Tourisme de Tanger (ISITT), lance un appel à communications pour une Rencontre Scientifique dont la thématique porte sur les “Dynamiques opérationnelles de la  psychologie face à la problématique de  l’Ecole Marocaine : Apports, limites et enjeux ” qui aura lieu à l’ISITT les 28et 29mars 2019.

 

Cette manifestation a pour objet de mettre à contribution les différentes compétences spécialisées en Psychologie (praticiens et/ou enseignants chercheurs) pour enrichir le débat sur une telle problématique. Comment la psychologie,  à travers ses différentes branches,  pourrait- elle contribuer à l’émergence de réflexions innovantes, singulières et opérationnelles sur Ecole Marocain? Telle est la question centrale charpentant cette rencontre scientifique. Une question, certes fondamentale, mais qui pourrait être déclinée en d’autres questions spécifiques selon les spécialités et les approches relevant du domaine de la psychologie.

 

Ainsi, les axes préconisés (à titre indicatif) pour cette rencontre sont comme suit:

Axe 1: L’école et le regard psychosocial

Le questionnement propre à cet axe portera, essentiellement, sur la situation de l’école au sein de la société marocaine mutante d’aujourd’hui. À plusieurs vitesses entre l’école publique, l’école privée et l’école des missions étrangères n’est-elle pas une expression manifeste d’une stratification sociale? Comment pourrait- elle jouer son rôle de socialisation dans une telle situation? À l’ère du numérique et des transformations sociales comment arrivent-elle à assurer la transmission et l’ancrage des valeurs sociales? Autant de questions et bien d’autres qui peuvent être abordées dans cet axe à partir d’un regard psychosocial.

Axe 2: L’école et la psychologie cognitive

Une des branches les  plus impliquées dans la question scolaire, la psychologie cognitive fait valoir des facteurs déterminants explicatifs centrés sur les activités mentales en relation avec l’environnement scolaire. La perception d’une stimulation, sa mémorisation, son rappel, la résolution de problèmes et/ou la prise de décision, sont autant de déterminants qui interrogent l’Ecole dans toutes ses facettes.

Est-il besoin de rappeler que la perception est assimilée à l’ensemble des mécanismes physiologiques et psychologiques  dont la fonction centrale est la prise d’information dans l’environnement ou dans  ‘organisme lui-même. Elle fait intervenir, aussi, les conduites “d’attention” et de “vigilance” dans les différents  processus qui la mettent en jeu. L’exemple le plus illustre pour la problématique de l’école, étant celui de l’Apprentissage Scolaire” dans sa relation à la “mémoire”.

Les concepts d’apprentissage et de mémoire sont étroitement liés, mais le terme d’apprentissage est employé pour désigner la modification systématique du  comportement en fonction de l’expérience, et le terme de mémoire désigne l’ensemble des structures qui permettent ces modifications.

Ce sont autant de problématiques de la psychologie cognitive qui font appel à des concepts de base  (Représentations Mentales/ Stéréotypes/ Image Mentale/ Résolution de Problèmes/ Styles Cognitifs/ Styles de Raisonnement/ Langage/ ..) et qui pourraient contribuer à mieux appréhender l’Ecole Marocaine d’aujourd’hui.

Axe 3: L’école et la psychologie  Scolaire

Etant conscient que la problématique de cette rencontre fait appel à plusieurs disciplines et démarches relevant de la Psychologie, il est d’une importance capitale de mettre en exergues celles qui sont en lien directe avec le système d’Education et de Formation (Psychologie et Sciences de l’Education/ Psychopédagogie..).

La revue de la question sur les dynamiques scolaires dans leur lien au système d’éducation et de formation, convergent vers quatre démarches principales :

  • Celle qui est centré sur l’Enfant” : Pour l’enfant, entrer à l’école c’est entrer dans un nouveau monde où il sera appelé à acquérir un certain nombre de connaissances, de plus en plus complexes, qui lui seront utiles dans une société donnée.
  • Celle qui est centrée sur le “Maître” : La question qui se pose à tout maître est de savoir comment transmettre ces connaissances? Quelle pédagogie adopter? Comment aborder ces enfants qui arrivent à l’école avec tout un système de références, de symboles, de codes, avec une histoire et une culture, qui ne sont pas automatiquement compatibles avec les spécificités de l’école.
  • Celle qui est centrée sur les “Parents” : Si pour l’enfant l’école est un nouveau terrain d’expériences, pour les parents elle peut représenter une remise en cause de leurs choix éducatifs. La scolarisation peut être vécue comme une séparation pouvant aboutir à une autonomie de l’enfant, comme les prémices d’une individualisation socialement acceptée, comme un transfert d’autorité officiellement reconnue. Cette nouvelle sociabilité peut être perçue comme une atteinte à l’unité familiale.
  • Celle centrée sur “l’Ecole en Question” : L’école est régulièrement pensée en terme de “crise” et elle est critiquée de tout bord. Pour les parents, ils se perçoivent comme désarmés face à une machine institutionnelle qui ne les consulte jamais, qui ne respecte pas leurs souhaits et ne leur accorde aucun rôle dans le processus d’orientation de leurs enfants.  Sourde, autoritaire et arrogante, l’école n’écoute qu’elle-même, elle ne s’en tient qu’à sa tête, et fonctionne selon des normes froides et bureaucratiques. Elle paraît de plus en plus inutile et inefficace aux yeux des parents, en particulier face au monde du travail. Aujourd’hui, ceux qui sont peu ou mal formés sont non seulement condamnés au chômage, mais même ceux à qui elle délivre des diplômes trouvent de moins en moins de travail. C’est une dévalorisation sans précédent des diplômes. Qu’est-ce que la crise de l’école sinon l’échec scolaire, l’ennui des élèves, le désarroi des maîtres, l’angoisse des parents, le chômage massif des jeunes. La crise de l’école ne serait que l’écume de l’évolution économique et sociale. Y a-t-il une crise ou des crises de l’école ?

Classiquement, trois grandes conceptions sont mise en avant pour aborder cette problématique : une conception qui perçoit l’école comme un espace de reproduction, une conception qui la perçoit comme un espace d’investissement, et une conception qui la perçoit commun espace de répression.

Axe 4: L’école et la psychologie Clinique

Dans cette perspective clinique et psychopathologique, la problématique de l’Ecole, en particulier celle de l’Ecolier, a souvent été approchée  pour expliquer certains symptômes liés aux difficultés scolaires (Echec scolaires/ performances/..). Le discours dominant étant de type médico-psychologique. Il est porté par une approche pathologique et clinique reposant tantôt sur une nosologie psychiatrique, tantôt sur des instances psychanalytiques… L’échec scolaire, par exemple, est ainsi analysé comme un symptôme de dysfonctionnement individuel, ou comme une souffrance psychique, ou enfin, comme l’expression d’une somme de difficultés relationnelles qu’il convient de traiter dans le cadre d’une “psycho-thérapie”.

Il apparaît que pour aborder les difficultés scolaires des enfants, il existe deux grandes approches: celle où l’on reste farouchement attaché à une médicalisation , et celle qui prône viscéralement l’anti-médicalisation; voire l’anti-psychiatrie.

Dans l’approche psychiatrique, les questions scolaires y sont posées à partir d’un diagnostic traduisant un “symptôme scolaire”. L’objectif étant de le rendre congruent avec le modèle théorique ou clinique. Les difficultés scolaires ne peuvent être interprétées que par une “pathologie”.

S’il est certain que des troubles psychologiques peuvent se manifester dans le milieu scolaire, causant alors une perturbation dans le travail effectué par l’enfant, il n’en demeure pas moins qu’une interprétation de ces troubles par le “pathologique” peut être une réduction de la causalité plurielle de ces mêmes. Il faut distinguer les psychiatres adeptes de la psychanalyse de ceux qui restent attachés à une médecine générale et rigide. Les premiers affirment que le mode de traitement psychothérapique est le seul qu’ils pratiquent en excluant tout traitement médicamenteux. C’est une pratique soignante qui demande du temps car le but est de rendre à l’enfant l’usage de son potentiel de développement et d’éliminer tout ce qui peut entraver son épanouissement,  son insertion dans le milieu,  et lui donner confiance en lui. Quand il y a une situation de difficulté d’apprentissage scolaire,  il y a forcément une souffrance, le tout est de chercher le sens et la réalité de cette souffrance. Du point de vue psychiatrique, l’école doit ainsi être mise à distance afin qu’elle n’interfère pas avec les exigences cliniques de la psychothérapie.

Il va sans dire que les 4 axes proposés dans ce document peuvent être enrichis par d’autres démarches psychologiques en lien avec la problématique de l’Ecole marocaine : La psychologie du Travail/ L’Ergonomie Scolaire/ Psychologie de l’Enfant/ Psychologie de Développement/ Psycholinguistique/ Neuropsychologie/ Psychologie Interculturelle…

NB : L’acception qui a été choisie pour questionner le concept “d’Ecole Marocaine” est prise dans un sens Global, Intégré et Pluridimensionnel du système éducatif marocain.

 

Argumentaire par :

  • Mustapha Chagdali
  • Abdelhaq Mouhtaj